Et si nous essayions la coopération comme stratégie de bienveillance ? (ou l’inverse)

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    “Chaque intelligence individuelle naît de la coopération collective de milliards de neurones, chaque intelligence collective naît de la coopération de nombreux individus.”
    (Edgar Morin)

    Cette fin d’été est encore complexe : la situation sanitaire peu lisible contribue à développer un sentiment d’insécurité. Les points de vue sur les actions à mener et les décisions à prendre sont variés, voire contradictoires et cela engendre des tensions, à tous niveaux…                
    Il y a quelques jours, Benjamin Teitgen (responsable de l’information de la métropole de Rennes) n’appelait-il pas dans un tweet de rentrée à « se parler gentiment sur Facebook » (et j’ajouterais « et ailleurs ! »)…

    Plus globalement, pour faciliter notre quotidien professionnel, peut-être pourrions-nous nous (ré)intéresser aux grands principes de la « Stratégie de la bienveillance (ou intelligence de la coopération) »

    Pour rédiger l’ouvrage qui y est consacrée, Juliette Tournand déclare s’être basée sur la stratégie d’un biomathématicien (et pianiste virtuose), Anatol Rapoport. Celui-ci a gagné en 1984 un tournoi sur le comportement coopératif lancé par le professeur de sciences politiques américain Robert Axelrod. Au cours du jeu, alors qu’il ignorait si l’autre allait coopérer ou refuser de le faire, il a obtenu la coopération de ses concurrents et la victoire suprême selon Sun Tsu, le maître stratège chinois, qui est de «gagner sans combattre».

    L’origine de cette coopération est d’oser un comportement de bienveillance stratégique ou comment « ne pas attaquer en premier »… en étant persuadé que la coopération est a priori possible.

    Il s’agit ensuite de capitaliser sur la facette de l’autre qui ose la bienveillance en un jeu de « donnant-donnant » et en se projetant sur un avenir commun.

    Pour pérenniser cette relation bienveillante, articuler autour de soi des relations complémentaires et diversifier les talents est d’une grande aide.

    Il est aussi nécessaire de renoncer à la relation dominant / dominé et d’échanger sur un pied d’égalité.

    Enfin, être ouvert à de nouvelles idées permettra d’explorer de nouveaux territoires, la coopération démultipliant les compétences de façon exponentielle.

    Quatre éléments se doivent d’être toujours en présence :

    • la bienveillance : son origine le plus souvent attribuée est le terme latin benevolentia, « vouloir du bien ». Mais il semblerait que la réalité soit bona vigilantia, « la bonne vigilance ou le fait de bien veiller ».  
      La bienveillance serait donc le produit d’une décision, « la volonté de veiller à ce qui fait du bien ». Dans un contexte de rencontre et d’échange, veiller à ce que chacun trouve en l’autre un partenaire avec qui nouer une alliance.

    • la réciprocité : pour fonctionner, la bienveillance se doit d’être réciproque : pour l’autre comme pour soi.

    • la clarté : si elle apparaît évidente dans un contexte de création (d’activité par exemple), les situations peuvent ensuite se compliquer : les relations internes et externes, les métiers, les périmètres d’intervention, en se multipliant, peuvent nuire à la lisibilité et à la compréhension des enjeux…
      La clarté est donc la résultante d’un travail de stratège. En mettant en évidence l’écart entre les accords et les désaccords, elle va permettre d’avancer vers des solutions.

    • la liberté d’innover : secours des situations réputées impossibles, elle pourra contribuer à l’accomplissement de nouveaux projets des parties prenantes.

    Cette stratégie de coopération se déroulera en trois actes :

    • la confrontation : au monde, à l’environnement et ses contraintes, aux autres parties prenantes.
      Elle permettra d’identifier : les faits / la façon de les prendre en compte  et de les interpréter / les sentiments et besoins induits / la demande à formaliser pour répondre à ces besoins / les éventuelles questions à poser.

    • l’accommodation ou la réciproque de la confrontation : en cas de désaccord, quand la priorité devient d’apaiser ou de rassurer.
      Elle permet de comprendre la perception des parties prenantes, leurs besoins, leurs demandes pour y répondre et les questions auxquelles  ils attendent des réponses.

    • la prise de recul : véritable moment de suspension, de « récréation » dans la relation, elle permet de renouveler son énergie, sa vision et sa stratégie, de laisser aller son imagination.

    Ces trois mouvements pourront se renouveler au fil de l’avancée de la relation.

    J’ai la conviction que cette stratégie de la bienveillance a toute sa place dans nos relations aux autres, bien au-delà des contextes purement professionnels.

    Sources :

    La stratégie de la bienveillance, ou l’intelligence de la coopération, Juliette Tournand
    Stratégie de la bienveillance. Juliette Tournand à TEDx Rennes 

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